Dans les entreprises, le développement du télétravail a marqué un tournant durable et contribue à placer les conditions de travail au cœur du dialogue social et des relations quotidiennes au sein des collectifs de travail. Au même moment, les risques professionnels restent une réalité parfois tragique.
540 000 accidents du travail, dont 550 mortels, ont été dénombrés en 2020.
Ce contexte souligne combien la santé au travail reste un enjeu majeur pour notre société et nous appelle à renforcer encore notre mobilisation collective pour en relever les défis.
Pour franchir ce « palier », le nouveau plan santé au travail 2021-2025 concentrera ses efforts sur les travailleurs vulnérables, en particulier les jeunes moins expérimentés, qui représentent 15 % des accidents graves ou mortels. Ce quatrième plan ciblera également les secteurs les plus accidentogènes : la construction, l’agriculture, les industries extractives ou encore la gestion des déchets.
Parce qu’une politique publique persévérante est le premier gage d’efficacité, nos actions doivent d’abord s’inscrire dans la cohérence et la continuité de celles entreprises avec les précédents plans de santé au travail. Ce 4e plan 1 de santé au travail (PST 4) conforte ainsi le renversement de perspective opéré par le PST 3 en accordant la priorité à la prévention sur la réparation. Il approfondit également cette approche en faisant de la prévention des accidents du travail graves et mortels et de la prévention de l’usure
«La crise sanitaire a mis la santé au travail au cœur des préoccupations, faisons de cette épreuve une opportunité. »
En France, le nombre d’accidents du travail s’est considérablement réduit durant de nombreuses décennies : les années 1950 comptaient autour d’un million d’accidents du travail chaque année, tandis que les années 2010 en comptent 650 000 environ.
Cette réduction d’un tiers de l’accidentalité annuelle est constatée alors même que le nombre de salariés a doublé dans le même temps, si bien que l’indice de fréquence des accidents du travail a beaucoup diminué, atteignant autour de 34 accidents pour 1000 salariés.
Ces baisses importantes sont sans doute à relier aux progrès en matière de prévention réalisés par les entreprises, à une réglementation
plus protectrice et des équipements plus sécurisés, à l’action des institutions en charge de la prévention des risques professionnels (dont les instances paritaires) et de l’inspection du travail, mais aussi à l’évolution des emplois vers des activités de services, relativement moins accidentogène.
Il semble cependant qu’un palier ait désormais été atteint : le nombre d’accidents et leur indice de fréquence ne baissent plus, à part en 2020 où le nombre d’accidents du travail s’est réduit de 17,7 %, à moins de 540 000.
Il s’agit cependant d’une année particulière du fait de la pandémie de Covid-19, avec des arrêts de l’activité économique durant les confinements.
Le nombre d’accidents du travail ayant causé la mort de leur victime ne se réduit pas depuis dix ans avec, en moyenne, 560 décès liés au travail par an dans le secteur général et 80 par an parmi les salariés du secteur agricole. Les accidents du travail mortels sont majoritairement dus à des accidents de la route (en mission), à des équipements de travail ou engins dangereux, à des chutes de hauteur ou à des malaises sur le lieu de travail.
Pour mémoire, le risque routier demeure la première cause de mortalité au travail : en 2019, on compte ainsi 406 personnes tuées dans un accident de la route lié au travail, dont 295 lors d’un accident de trajet (trajet entre le lieu de résidence ou de repas et le lieu de travail) et 111 lors d’un accident de mission. Par ailleurs, la même année, 13 302 personnes étaient victimes d’un accident de trajet et 9 690 victimes d’un accident de mission selon le bilan 2019 de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. S’agissant des chutes de hauteur et de plain-pied, elles surviennent notamment mais non exclusivement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, et de façon marquée dans les petites entreprises. En 2019, on comptait plus de 9 millions et demi de journées d’incapacité temporaire dues aux chutes, 2e cause d’accidents du travail dont la cause est connue et 2e cause de décès.
Les circonstances des accidents du travail mortels sont souvent évitables : absence d’évaluation des risques et/ou de mesures de prévention, déficit de formation ou d’information du salarié etc. Cela invite donc à redoubler d’efforts pour tenter de les prévenir.
Les efforts méritent d’être particulièrement portés sur les secteurs d’activité qui cumulent fréquence importante et indice de gravité2 élevé : la construction ; l’agriculture ; les industries extractives ; le travail du bois ; le transport et l’entreposage ; la gestion de l’eau et des déchets. Une grande majorité des décès au travail se situent néanmoins au sein de l’intérim, du BTP (CTN B) et des industries des transports, de l’eau, du gaz, de l’électricité (CTN C) pour le régime général de la sécurité sociale. De manière générale, l’analyse la plus fine de la sinistralité en fonction des secteurs est essentielle pour améliorer la définition et le ciblage des actions de prévention.