Trois « V » comme « vilain », « vantard » et « voleur ». Des qualificatifs qui s’adressent aux salariés issus de la communauté tamoule. Des qualificatifs employés lors d’une réunion de la banque par Didier Grand, le directeur général du Crédit Agricole à la Réunion. Une réunion de fin d’année (2023), qui s’était déroulée dans la salle de conférence « Isautier » à Saint-Denis, devant près de 500 personnes (employés, administrateurs…).

Autant de vous dire que les 3 « V » sont restés en travers de la gorge des malbars présents dans la salle, ce soir-là. Une plainte vient d’être déposée contre le directeur général du Crédit Agricole auprès du parquet de Saint-Denis. Certains salariés ainsi que les syndicats (SNECA CFE-CFC et SUD CAM C/O) de la banque concernée prennent très au sérieux cette affaire. Je vous en parle dans un instant.

Lutte contre les violences urbaines : l’Etat  « lé oki »

Difficile de commencer ce « Ti Kozman » sans avoir une pensée pour tous mes confrères journalistes qui vont se retrouver au chômage. Je vous en avais déjà touché un mot la semaine dernière. Une vingtaine de journalistes va rester sur le carreau au Quotidien. Le journal de la famille Chane-Ki-Chune depuis 47 ans, a changé de mains. C’est Henri Nijdam, patron d’un groupe de métropole (Média Capital) qui a pris les rênes, accompagné de quelques investisseurs réunionnais. Une page se tourne donc pour le Quotidien. Vous le savez, sur les 36 journalistes du Quot’, Nijdam n’en prendra d’une quinzaine. Des journalistes au chômage : le JIR sera également touché. Le journal dirigé par Jacques Tillier a obtenu un sursis d’un peu moins de 2 mois. Le 29 mai prochain, le tribunal se penchera de nouveau sur la situation du journal qui, pour essayer de survivre, va devoir se serrer la ceinture en « sacrifiant » une quinzaine de journalistes. Leurs postes seront supprimés. Soit, au total une trentaine de postes, au JIR et au Quotidien. La presse écrite va mal, très mal. Il s’agit d’un modèle économique qui, malheureusement, n’est plus viable. Cette situation n’est pas exclusive à la Réunion. Elle est mondiale. Le numérique n’a pas eu que des avantages. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a plus de place aujourd’hui à la Réunion pour deux journaux en raison de l’érosion du lectorat et de l’étroitesse du marché publicitaire, sans compter les coûts de fabrication (l’achat du papier, l’impression, la distribution…).

Très rapidement, un petit mot également sur la réunion qui a eu lieu, ce mercredi 3 avril, à la préfecture. Une réunion relative aux violences urbaines. Les élus attendaient « plus de moyens » de la part de l’Etat pour lutter justement contre l’insécurité, contre ces violences urbaines « importées de Mayotte», selon certains.  En effet, depuis les dégradations commises lors des affrontements entre bandes rivales dans la nuit du 23 au 24 mars dernier à Bras-Fusil (Saint-Benoit) et des bagarres dans certains quartiers de Saint-Denis, nombre d’élus sont montés au créneau pour réclamer «des moyens supplémentaires » de la part de l’Etat. Le préfet Jérôme Filippini a organisé une rencontre avec les élus. Il a également invité les représentants de l’institution judiciaire, le Département, la Région, les bailleurs sociaux pour une mise à plat de ce phénomène de violence en pleine recrudescence. La réunion s’est déroulée en deux séquences : une en présentiel avec tous les élus et autres présents et une en visio avec les maires qui n’ont pas pu se déplacer.

Conclusion de deux heures d’échanges : mieux coordonner les moyens déjà disponibles ainsi que les dispositifs déjà existants (CLSPD…), plus de concertation dorénavant avec tous les acteurs concernés (maires, gendarmes, policiers, bailleurs sociaux, services sociaux du Département), une meilleure prise en compte de « l’enfance délaissée » ainsi que tous ces mineurs en situation de danger, y compris « la minorité délinquante » (non originaire de la Réunion).

Pour tout coordonner en matière d’insécurité, le préfet et les élus se sont mis d’accord sur la création d’un futur Conseil départemental de la prévention de la délinquance. En attendant, le préfet a déjà commencé, depuis janvier dernier, à activer les leviers « prévention » et « répression » via les opérations « place nette », comme cela se fait actuellement sur le territoire métropolitain. La 22^ème du nom s’est déroulée dans le quartier de Fayard à Saint-André, ce jeudi après-midi, 4 avril. Une opération de jour.

Rappelons quand même que c’est surtout durant la nuit que ça craint dans ces quartiers « chauds » de la Réunion. Avec ou sans veste, faudrait que le préfet vienne y déambuler une de ses nuits.

Donc, pas de « moyens supplémentaires », hormis une brigade de gendarmerie à venir dans le quartier de Bras-Fusil qui, on le suppose, sera ouverte aux heures de bureau (car les gendarmes ont aussi une famille). « Pas de moyens supplémentaires », comme le souhaitaient tous les élus sans exception. L’Etat n’a plus d’argent. Comme on dit en créole, l’Etat « lé oki ». 154 milliards d’euros de déficit ; 3 200 milliards de dette ; 3 milliards pour la guerre en Ukraine. Il va falloir se serrer la ceinture. Gabriel Attal a déjà annoncé la couleur : faut faire des économies et ramener le déficit en dessous de 3%. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, l’a clairement dit : faut trouver 10 milliards d’euros. Et vous imaginez bien que cet argent ne va pas être trouvé sous la patte cheval, mais dans le porte-monnaie des ménages, voire peut-être dans celui des chômeurs. Le gouvernement a déjà ciblé l’allocation chômage et compte taxer les assurances vie et le livret A. A quand la taxation des super-profits ?

Le double jeu de nos élus : le bâton quand ça pète, puis des cartons remplis d’ailes et/ou de cuisses de poulet surgelés lorsqu’arrivent les élections locales

Autrement dit, l’Etat n’a pas l’intention ni les moyens de mettre un euro de plus pour contrecarrer quelques délinquants mineurs « venus d’ailleurs » et qui foutent le bordel à la Réunion en s’affrontant entre eux mais tout en causant des dommages collatéraux aux innocents. Les opérations « place nette », c’est bien, mais d’aucuns pensent qu’il faudrait peut commencer par le commencement (si ce n’est pas trop tard) en « rebouchant » tous les trous du gruyère de la PAF (Police des frontières) du côté de Mayotte. Comment ils font tous ces marmailles pour rentrer à la Réunion, sans même être accompagnés de leurs parents ? Comment se fait-il que les bailleurs sociaux puissent loger toutes les familles issues d’une même communauté dans un même quartier, avec parfois 10 personnes dans un F2 ou F3 ?  Comment se fait-il que des mineurs « sèchent » régulièrement les cours, ne se présentent pas à l’école, qu’ils se retrouvent souvent à la rue, « isolés » ou « délaissés » pour employer un langage plus conventionnel mais que leurs « tuteurs » continuent à percevoir les allocations familiales ?

Avant même de mettre en place un Comité départemental de la prévention de la délinquance, il faudrait peut-être que chacun, à son niveau, fasse plus sérieusement son job et que l’Etat et les collectivités locales renforcent les contrôles à tous les niveaux. Il faudrait que les élus arrêtent le double langage et le double jeu.

Lors de la réunion en préfecture, mercredi 3 avril, Huguette Bello, présidente de Région, a déclaré : « dans ce genre de circonstances, nous devons tenir plus que jamais un langage de vérité et de responsabilité. Il nous faut éviter deux écueils. D’une part, ne pas réduire cette question des violences urbaines aux agissements de membres d’une communauté que l’on stigmatiserait. C’est extrêmement dangereux et cela peut conduire à des amalgames inacceptables et contraires à nos valeurs. Mais d’autre part, ce serait également une erreur d’analyse, pour un constat lucide de la situation, de nier ou de sous-estimer les problèmes générés par les difficultés d’intégration de jeunes issus de Mayotte, parfois sans autorité parentale et souvent livrés à eux-mêmes… ». Je  vous laisse juge de sa déclaration. Personnellement, je n’ai pas très bien compris la différence entre les deux « écueils ». Alors, Mayotte ou pas Mayotte ?

Sérieusement, et cela s’adresse à tous les élus, quelle que soit leur appartenance politique, il faudrait que les élus arrêtent de jouer un double jeu, à savoir montrer du doigt une communauté lorsque ça pète afin de caresser dans le sens du poil les Réunionnais agacés par ces « violences importées » et, apporter des cartons remplis de cuisses ou d’ailes de poulet aux familles de cette même communauté lorsqu’arrivent les élections, afin d’obtenir leurs voix.

« C’est qui la maire à Salazie ? »

Voilà une bonne transition pour vous parler des élections européennes. Vous avez remarqué que les candidats aux élections européennes commencent à défiler à la Réunion. Le scrutin approche. Il aura lieu le 9 juin. La semaine, c’est André Rougé, du Rassemblement National qui était en visite dans l’île. Cette semaine, c’est Jean-Luc Mélenchon, venu d’abord pour le baptême de l’enfant du député Jean-Hugues Ratenon et d’Amandine Ramaye (la vice-présidente de la Région), ensuite pour mener campagne en faveur de Younous Omarjee, l’eurodéputé insoumis sortant. Lors d’une conférence de presse, mardi dernier, au Radisson à Saint-Denis, Huguette Bello qui sera à la 81^ème position sur la liste de l’Union Populaire, a fustigé le Rassemblement National, « parti profondément raciste ». C’est Johnny Payet, maire de la Plaine-des-Palmistes et patron du RN local, qui va apprécier ; Lui qui est grand pote à Ratenon et qui, en plus, vote le budget de Bello à la Région. Sans compter que sans lui l’avenant de quelques centaines de millions d’euros la NRL n’aurait jamais été adopté.

Pour en revenir aux Européennes, Raphaël Glucksmann (député européen sortant socialiste) et Olivier Faure (PS) sont attendus dans la semaine du 19 avril ; Idem pour François Asselineau. Manon Aubry, tête de la liste de l’Union Populaire, est annoncée pour mai prochain. Pareil pour Marine Le Pen et Jordan Bardella. Renaissance devra faire connaître son candidat réunionnais d’ici à mai prochain. Sera-ce le sortant Stéphane Bijoux qui, paraît-il, fait actuellement des pieds et des mains auprès de l’Elysée et du pouvoir parisien en général pour garder une place éligible. Il faudra sans doute aussi compter sur Eric Leung, qui a ses entrées dans les cercles politiques influents à Paris. Contrairement à ce que certains pouvaient penser, l’ancien candidat vaincu aux législatives dans la 6^ème circonscription (la journaliste Yolande Calichiama était sa suppléante) n’a pas encore dit son dernier mot. Il serait toujours dans les tuyaux. A suivre !

Politique toujours. Avis de fortes turbulences à venir, me dit-on, à Salazie concernant la maire Sidoleine Papaya, également conseillère départementale. Un élu de la majorité municipale plaisante : « A Salazie, la maire c’est Emilie Assati, le DGS, c’est Alexandre Grondin et Sidoleine Papaya est 1^ère adjointe ». En fait, ce que veut dire cet élu, c’est que « ce n’est pas la maire et les élus qui gèrent la commune, c’est la directrice générale des services Emilie Assati et le directeur de cabinet Alexandre Grondin ». J’ai mené vite fait une rapide et petite enquête. Il s’avère en effet que le chemin de Sidoleine Papaya n’est pas pavé que de roses. Il y a également quelques épines. Certains élus de la majorité ont pris leurs distances. Ils n’assistent plus aux réunions. Anaïs Fanion, conseillère municipale de Mare-à-Vieille-Place (le plus grand quartier du cirque) a démissionné de son mandat. Jean-Claude Pausé, 5^ème adjoint, délégué à l’habitat, très connu à Salazie, a donné sa démission à deux reprises déjà à la nouvelle maire, l’a refusée. L’élu à l’urbanisme, Yann Maillot, a lui aussi pris du recul. « La maire est bornée, têtue. Impossible de travailler avec elle. Elle ne prend jamais l’avis des élus qui ont pourtant obtenu un mandat du peuple. C’est la DGS et le directeur de cabinet qui décident et qui dirigent », confie un élu de la majorité municipale. Avant de souligner que « le personnel communal est en souffrance ». Il est même dit que « si ça continue » et que « la maire n’en fait qu’à sa tête », Stéphane Fouassin, sénateur et toujours conseiller municipal, pourrait « la lâcher d’ici au début de l’année prochaine ».

Qui pour remplacer Olivier Rivière à Saint-Philippe et Tak au Tampon si… ?

Lors du dernier conseil municipal fixé à 17 heures, il a fallu appeler certains élus pour venir faire le quorum. La séance a alors débuté avec quasiment une heure de retard. Rappelons qu’avant son élection par le conseil municipal, en octobre de l’année dernière, un scrutin en interne (une primaire en quelque sorte) avait été organisé au sein du groupe majoritaire. Les deux prétendants au poste de maire pour succéder à Stéphane Fouassin, à savoir Sidoleine Papaya et Mario Moreau, avaient obtenu chacun 11 voix. Tout cela pour dire que, même si elle a été élue à la majorité en octobre dernier par le conseil municipal, Sidoleine Papaya ne fait pas l’unanimité au sein du groupe majoritaire ; Lequel, semble-t-il, d’après les bruits qui courent, « pourrait exploser si la maire ne manifeste pas un peu de considération pour ses élus et continue à laisser les commandes de la mairie seulement à sa DGS et à son directeur de cabinet ». Le prochain conseil municipal aura lieu, normalement, le 9 avril prochain avec le budget 2024 à l’ordre du jour. Ambiance à suivre !

Après Salazie, Saint-Philippe où les candidats affûtent déjà leurs armes, persuadés que l’actuel maire Olivier Rivière ne sera plus maire le 23 mai prochain lorsque la Cour d’appel aura confirmé les réquisitions faites par l’avocate générale lors du procès du 25 mars dernier : 8 mois d’emprisonnement, 10 000 € d’amende et 3 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. En clair, si les juges de la Cour d’appel abondent dans le même sens que l’avocate générale, Olivier Rivière sera donc déclaré inéligible et il ne pourra plus occuper son fauteuil. Et comme le conseil municipal est déjà complet, que plus aucun élu ne pourra monter étant donné que l’opposition avait anticipé en faisant démissionner depuis longtemps tous ses colistiers, Olivier Rivière ne pourra organiser en interne son remplacement.

Si la Cour d’appel prononce son inéligibilité le 23 mai, des élections municipales seront organisées dans les trois mois suivant la notification de sa condamnation. Des rumeurs circulent selon lesquelles Olivier Rivière « pousser » son épouse (fonctionnaire territoriale à la mairie de Saint-Joseph) ou son père Guy Rivière, agent forestier à la retraite ou alors Jean-François Payet, l’un de ses adjoints (employé à la Sécurité Sociale à Saint-Pierre). Côté opposition, c’est le champ de tous les possibles : « Banian » de Selly pourrait soutenir Fred Salvan (fils de feu Hugues Salvan, ancien maire de la commune) ; Saint-Philippe fait partie d’un des cantons de Saint-Benoit dans lequel a été élu Bruno Robert, adjoint de Patrice Selly. Saint-Philippe fait aussi partie de la circonscription du député Jean-Hugues Ratenon qui pourrait positionner un candidat en cas de municipales partielles. Patrick Lebreton n’a pas non plus dit son dernier mot. S’il met la main sur Saint-Philippe, il pourra faire basculer la Casud. Il y a également Yohan Cervantes (ancien PS) qui s’affiche comme le candidat de la gauche. Il avait totalisé 12% des suffrages lors des municipales de 2020. Enfin, Wilfrid Bertile veille au grain. D’autres noms circulent : Fridelin Courtois, Magalie Guimart… Il va sans dire qu’une alliance dite de la majorité régionale (Selly-Bertile-Ratenon-Lebreton) pourrait facilement l’emporter face au camp de Rivière. On en saura plus après le 23 mai prochain.

Au tampon, cette fois, même cas de figure sauf que, si André Thien-Ah-Koon est déclaré inéligible par la Cour d’appel, le 23 mai également, il aura la possibilité d’organiser sa succession en interne. Autrement dit, c’est le conseil municipal qui décidera. Pas besoin de solliciter les suffrages des électeurs de la commune. Qui pour succéder à Tak ? Son garçon Patrice, actuellement adjoint ? Jacquet Hoarau ? Laurence Mondon ? Charles-Henry Gonthier ? Allan Amouny ? Bernard Picardo ? Marcelin Thélis ? Des noms qui circulent, tout comme ceux de Monique Bénard et Nathalie Bassire… Quoi qu’on en dise, au Tampon, c’est toujours Tak qui détient les clés pour « taker » ou « détaker » la porte de la baraque, quelles que soient les velléités des uns, des autres.

Les malbars de la Réunion sont-ils « voleurs, vilains et vantards » ?

J’en arrive à présent au titre de ce « Ti Kozman » du jour pour vous raconter cette histoire vraie dont tout le monde en parle au sein du Crédit Agricole de la Réunion, surtout depuis cette réunion de fin d’année, le 8 décembre 2023. Comme il est précisé dans la plainte que vient de déposer Me Léopoldine Settama-Vidon au nom des syndicats et de certains salariés de cette banque, ce 8 décembre 2023, se tenait donc cette grande réunion devant 550 salariés, membres du comité de direction, représentants de la gouvernance… Pour illustrer son intervention, le directeur général Didier Grand a fait projeter sur écran une image accompagnée de « propos à caractère raciste et discriminatoire pouvant constituer l’infraction d’injures publiques racistes », précise la plainte.

Sur l’image en question, il est montré un homme de type « malbar », les bras croisés. Y figurent également, sur la colonne de gauche, les qualificatifs écrits noir sur blanc : « voleur, vantard, vilain ». Puis, sur la colonne de droite, il est inscrit « veinard » en trois fois. On voit sur cette même image le directeur général Didier Grand « dans une tenue blanche particulière » s’exprimant sur la projection.

Dans leur plainte, les syndicats et certains salariés estiment « qu’à l’évidence, les qualificatifs employés par le directeur général à l’encontre du malbar, diminutif représentant la communauté hindoue de l’île, constituent des injures publiques racistes : le qualificatif voleur constitue une imputation à un fait délictuel généralisant le fait d’être malbar comme étant un voleur ; Le qualificatif vilain constitue une description physique du malbar comme étant nécessairement vilain, il s’agit là d’un propos discriminatoire à l’encontre de cette catégorie de la société réunionnaise ; Le qualificatif vantard imputé au malbar est aussi une présentation humiliante de la communauté hindoue ».

Les requérants considèrent encore que « les propos injurieux tenus par Didier Grand l’ont été en direction d’un groupe de personnes en raison de son origine ou de son appartenance à une ethnie, en l’occurrence la communauté hindoue de la Réunion, qui est appelée malbar. Les propos et la projection ayant été faits dans un cadre professionnel, où le directeur général représente l’autorité, constituent une atteinte particulièrement grave à l’intégrité des salariés et à leur dignité… Cette diapositive sur laquelle on voit un homme de type malbar humilie une partie du personnel se trouvant dans la salle ; Des salariés privés de toute réaction en raison de la qualité de l’auteur des propos injurieux et humiliants ».

A noter que dans cette plainte, deux salariés précisent avoir déjà été « victimes » de tels propos et que les syndicats eux-mêmes avaient déjà dénoncé auprès du conseil d’administration de tels propos injurieux prononcés par le directeur général de la banque. Toujours dans cette même plainte, un autre salarié précise avoir été lui aussi « victime » de propos injurieux. « C’était au sortir d’un déjeuner avec un partenaire du Crédit Agricole », raconte ce salarié qui, en présence d’un de ses collègues, s’est entendu attribuer, par son directeur général, le qualificatif de « malbar 3 V », en citant les termes de « voleur ». Le salarié explique « avoir été particulièrement choqué par ces propos inattendus et humiliants ». Très affecté au niveau psychologique, il a été placé en arrêt de travail et il a fait une déclaration d’accident du travail.

Selon les syndicats et certains salariés, « stigmatiser une communauté en lui attribuant des qualificatifs humiliants et insultants représente un trouble à l’ordre public sur une île ou le vivre ensemble, très fragile, constitue le socle de la société réunionnaise. On ne peut admettre de tels propos de la part d’un représentant d’une banque locale, des propos qui sont en totale contradiction avec les valeurs prônées par cette dernière. Nombre de clients du Crédit Agricole sont des malbars ; Il n’est pas certain qu’ils soient heureux d’être considérés par la direction générale comme des voleurs et qualifiés de vantards et vilains. Ces qualificatifs sont inadmissibles ».

Toujours selon les requérants, « Didier Grand fait régner une ambiance de terreur, plaçant les salariés dans un contexte de risque professionnel signalé ; Il assimile sa fonction de directeur général à la Réunion à celle de directeur de Bagne de Cayenne. Les propos du directeur général interviennent dans un contexte général de souffrance au travail, qui a déjà fait l’objet de deux rapports ».

En tout cas, une plainte a été déposé auprès du parquet de Saint-Denis. Les syndicats et les salariés devraient tenir une conférence de presse la semaine prochaine. Nous n’avons pas pu joindre le directeur général, mais nos colonnes lui sont bien évidemment ouvertes s’il souhaite s’exprimer concernant cette plainte portée contre les propos qu’il a tenus devant 550 salariés et administrateurs du Crédit Agricole, avec projection à l’appui, le 8 décembre dernier.

Y.M.

([email protected])