Air Austral : l’Etat donne un mois aux responsables de la compagnie pour présenter un plan viable

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Cela s’appelle un plan de retournement, qui intervient successivement après le plan de sauvegarde survenu il y a un an, puis le plan de restructuration datant du 10 mars dernier. Mais la compagnie ne va toujours pas bien. D’où la réunion au sommet qui a eu lieu mardi matin, 19 mars, aux environs de 10h30 (13h30 à la Réunion), rue Oudinot, au ministère des Outre-mer, à Paris. Une réunion qui s’est déroulée en présence de trois ministres (Transports, Industries, Outre-mers). Lesquels ont souhaité entendre le directoire d’Air Austral ainsi que les élus de la Sematra (société d’économie mixte, actionnaire de la compagnie).

Outre les trois ministres, ont également assisté (physiquement ou par visio depuis la Réunion)  à cette réunion interministérielle : Huguette Bello (présidente de la Région Réunion et présidente du Conseil de surveillance d’Air Austral), Normane Omarjee (vice-président de la Région, chargé de l’aérien et du numérique), Cyrille Melchior (président du Département), Michel Deleflie (pdg de la société Run Air, actionnaire privé d’AA) et un de ses collaborateurs, Joseph Bréma, Pdg d’Air Austral, Jérôme Filippini, préfet de la Réunion et  Nathalie Infante (SGAR).

Le but de cette réunion au sommet étant de trouver des solutions rapides afin de sortir la compagnie aérienne réunionnaise des violentes zones de turbulences qu’elle traverse depuis quelques temps déjà. Autrement dit, malgré l’injection de plusieurs dizaines de millions d’euros, Air Austral ne va toujours pas bien. Elle est dans le rouge. Endettée.

Rappelons qu’il y a un an, la compagnie aérienne, se trouvant en grandes difficultés financières, avait été reprise par des actionnaires privés (Run Air, société portée par Michel Deleflie et regroupant plusieurs investisseurs réunionnais) et publics (La Sematra, composée de la Région, du Département et de la Caisse de dépôts). Le montage financier étant le suivant : 55% des parts pour Run Air, soit 30 millions d’euros et 44% pour la Sematra, soit 25 millions d’euros. Un total de 55 millions d’euros avait été mis sur la table pour reprendre les commandes d’Air Austral et la sauvegarder. C’était il y a un an.

L’Etat avait également apporté sa contribution et non des moindres via un prêt de 120 millions d’euros durant la crise sanitaire Covid). Sans compter l’abandon de créances de 100 millions d’euros. Malgré tout cet argent débloqué lors de la reprise de la compagnie, celle-ci n’a pas su remonter la pente en raison également des facteurs exogènes (avions en panne…). Elle n’est toujours pas viable économiquement. Rappelons qu’Air Austral a récemment suspendu ses liaisons avec Tuléar et Fort Dauphin (Madagascar). La ligne Réunion-Mahé (Seychelles) s’arrêtera le 1er avril 2024 (et ce n’est pas un poisson !). Elle a aussi mis fin au direct Réunion-Chennaï (Inde). Vous l’aurez compris, la compagnie ne va pas bien du tout.

Tellement pas bien, que les actionnaires ont dû remettre au pot 10 millions d’euros, le 10 mars dernier, dans le cadre d’un plan de restructuration : 5,5 millions d’euros de la part des privés de Run Air et 4,5 millions d’euros émanant des actionnaires publics de la Sematra. Comment faire pour sortir du rouge la compagnie aérienne réunionnaise qui emploie actuellement plus de 800 personnes ? C’est dans ce sens que les élus locaux et les membres du Directoire sont allés plaider, ce mardi 19 mars, en faveur du maintien d’Air Austral en espérant surtout obtenir un accompagnement de l’Etat, comme ce fut le cas en 2023.

L’Etat exige du Directoire d’Air Austral un plan de retournement d’ici à avril prochain

Les ministres présents ont dit « oui, mais ». Ok pour un accompagnement de l’Etat, à condition toutefois que les représentants d’Air Austral reviennent dans un mois, en avril prochain, pour présenter un plan de retournement, c’est à dire un « plan solide et pérenne » pour une période de 3 ans. Autrement dit : arrêtez avec le pilotage à vue, ou au jour le jour !

Les ministres n’ont pas manqué de faire comprendre aux élus réunionnais et aux investisseurs privés que l’Etat « regrette des erreurs de précisions ainsi que la prise de conscience tardive des risques encourus par la compagnie ». L’Etat montre du doigt tant le Conseil de surveillance que le Directoire.

Les ministres ont également insisté sur le fait que, pour le moment, l’Etat n’accordera plus aucune nouvelle aide. En tout cas, pas avant de prendre connaissance du plan de retournement d’ici à avril prochain. En attendant de découvrir la solution des actionnaires (privés et publics), l’Etat a accepté de ne pas assigner Air Austral au titre du passif public qui a été constitué. La balle est aujourd’hui dans le camp des actionnaires qui doivent donner des garanties s’ils veulent que l’Etat remette la main à la poche.

Des négociations vont bientôt commencer entre la direction d’Air Austral et le personnel. Il est prévu une baisse de salaire de l’ordre de 10% afin de faire des économies. La compagnie aérienne va en effet devoir se serrer la ceinture afin de pouvoir présenter à l’Etat, en avril prochain, un plan de vol à long terme, qui tienne la route. Huguette Bello, comme les autres élus locaux ainsi que les actionnaires privés se veulent optimistes et insistent sur « le consensus » qui s’est dégagé de la réunion au sommet de ce mardi à Paris. Un « consensus » pour ne pas laisser mourir la compagnie aérienne régionale. Rendez-vous dans un mois à Paris !

Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

10 Commentaires

  1. réfléchissez à 2 fois avant de prendre en ligne des billets sur le site Air Austral pour des voyages ultérieurs, c’est cet argent qui leur permet aujourd’hui de payer le personnel et les frais sur les aéroports étrangers, pas sur que votre réservation soit ok dans plusieurs mois si les lignes s’arrêtent. ceux qui ont réservé pour Seychelles, Tulear et Fort Dauphin ont déjà perdu leur argent. soyez vigilants.

  2. Une compagnie gérée n’importe comment, qui nous coûte un pognon de dingue. Rendez vous compte prés de 300 millions pour 800 emplois soit 375 000 euros par emploi, c’est du très grand luxe, indécent à notre époque .Pour ma part je voyage 4 ou 5 fois par an mais ce n’est jamais sur Air Austral, je n’ai pas envie de payer mon billet plus cher que chez les autres compagnies et surtout de payer celui de ceux qui voyagent gratuitement en classe affaires

  3. C est cette compagnie qui en plus de nous pompiers nos sous de différentes façons billets chers
    Aide région/état (nos impots)
    Et participation des chambres consulaires
    C est cette compagnie qui a accentuée la crise mahoraise à la Réunion
    Pire que air France à l époque où c était compagnie nationale

  4. Robert en a profité pour faire des centaines d’allers-retours avec sa clique de bras cassés. l’effet accordéon vous rappelle t’il quelque chose? ah ce robert, un bon profiteur – rappel nous le siège robert (siege 1) pffff!

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