Selon le député insoumis Jean-Hugues Ratenon, sa collaboratrice Anne Legendre a reçu « un mail insultant » de la part d’une des directrices de Pôle emploi Réunion, en l’occurrence Colette Puvilland, directrice de cabinet et des relations institutionnelles auprès de la Direction régionale Réunion. Voici la lettre qu’écrit le député Ratenon aux journalistes :

« Mesdames, Messieurs les journalistes,
Comme vous le savez, j’ai habitude d’être en contact permanent avec le peuple et c’est tout naturellement que je reçois le public le plus large qui m’interpelle sur différents problèmes et inquiétudes. A la suite de ces rendez-vous, sous ma responsabilité, mon cabinet interpelle les différents ministères, préfecture, collectivité et organisme …pour trouver la meilleure solution
possible.
Jusqu’à aujourd’hui, cela se passe bien sauf à ma grande surprise à la date du … la directrice de cabinet de Pole Emploi a adressé un mail à ma collaboratrice, Mme Anne LEGENDRE, que vous trouverez en copie. Un mail insultant vis-à-vis de ma fonction, de mon cabinet, du service public et des demandeurs d’emploi. Des propos inacceptables car pour cette directrice aider les personnes c’est faire usage d’un passe-droit. Un comportement qui interroge à l’aube de l’examen du projet de loi du gouvernement pour le plein emploi.

Vous trouverez également ci- joint la réponse de ma collaboratrice. Toujours est-il, et plus que jamais, ce genre de comportement ne m’arrêtera pas à recevoir du
public et d’interpeller les interlocuteurs concernés.
Je me pose la question aussi de savoir si cette directrice doit rester à ce poste à responsabilité dans un service public. Compte tenu de ces éléments, la Directrice Régionale devra me donner des explications sur ce mail et m’exposer sa vision pour parvenir à la meilleure insertion de tous ceux qui sont en recherche d’un travail ou de formation. Ça sera l’objet de la rencontre avec elle ce mardi 22 août à 10h au siège de Pole Emploi à Saint Denis.
Une copie de ce mail de la Directrice de cabinet ainsi que la copie de la réponse de ma Collaboratrice seront adressées au Directeur général de Pôle Emploi, au Préfet et aux Ministres des Outre-Mer et de l’emploi.
Vous remerciant par avance du traitement de ces informations, je vous prie de croire Mesdames, Messieurs les journalistes en mes salutations les plus distinguées ».

Voici à présent le mail de Colette Puvilland à Mme Legendre :

« Madame Legendre,
Bonjour,
Vous nous avez sollicités à maintes reprises pour répondre à des doléances de
demandeurs d’emploi que M. le Député doit recevoir dans le cadre de ses audiences.
Nous sommes conscients que ces échanges entre un élu et la population qu’il administre doivent être appréciés et privilégiés de part et d’autre. Nous savons également que la question de l’emploi reste un sujet de préoccupation partagé par toutes et tous.
Toutefois, nous voulons attirer votre attention sur l’un des principes fondamentaux qui guide Pôle emploi et qui repose sur la volonté de préserver une équité de traitement pour tous-tes les demandeur-ses d’emploi.
Or, nous avons connaissance que certains d’entre-eux ne répondent ni aux convocations ni aux appels téléphoniques de leurs conseillers pour s’adresser directement à leur député afin de lui faire part de leurs préoccupations. D’autres réclament une dérogation à nos règles de gestion qui sont, pourtant, encadrées par la loi.
En vous positionnant comme intermédiaire et en interpellant directement la directrice régionale et/ou le ou la direct-eur-rice de l’agence de suivi, vous mettez en difficulté le travail des conseilleurs dans leur relation avec l’usager, notamment celle ou celui à l’origine de cette sollicitation.
Pour mémoire, et à titre d’exemple, une absence à convocation sans justification, peut faire l’objet d’une sanction potentielle avec un avertissement qui sera adressé
automatiquement à l’intéressé qui, inquiet, viendra se plaindre à vous provoquant un « cercle vicieux » préjudiciable pour toutes et tous.
De même, comme vous avez dû le constater, une très large majorité des situations que vous nous relayez, se conclut par des éléments qui auraient pu/du être directement évoqués au, à la demandeur-se d’emploi. Ils ne présentent ainsi, aucune plus-value à être dispensés par vos soins sauf que de les éloigner d’un service auquel ils ont droit, gratuitement.
Par ce courrier, nous souhaitons attirer votre attention sur le fait que nous avons installé des agences à proximité des demandeurs-ses d’emploi pour que des conseillers compétents et professionnels puissent les accompagner dans leur recherche d’emploi.
Nous mettons à leur disposition, des facilités et variétés d’accès : rdv, mails, ligne
téléphonique, etc. Nos collaborateurs sont formés pour délivrer un service gratuit, adapté et sur mesure qui doit bénéficier à toutes et à tous, sans restriction et sans nécessité de passer par des appuis intermédiaires suggérant un accès privilégié destinés à certain- es administré-es.

Notre intérêt commun est de permettre à tout à chacun de trouver un emploi dans notre territoire : nous sommes très fiers d’avoir permis à des milliers de demandeurs-ses d’emploi de se réinsérer sur le marché du travail. A la Réunion, plus de 86% des personnes ayant eu recours à nos services en sont satisfaits (source Ipsos 2022/2023).
Aussi, avons-nous besoin que nos élus nous aident à (re)donner à nos
concitoyens, confiance dans notre service public : il est indispensable que vous les
incitiez à se rapprocher directement de leurs conseillers qui, comme vous, ont tant à
cœur de remplir leur mission.
Non seulement votre charge en sera allégée mais soyez convaincue qu’ensemble, nous pourrons démontrer que nous sommes bien à vos côtés pour accompagner au mieux les Réunionnais dans leur accès à l’emploi.
Nous espérons pouvoir compter sur votre compréhension afin de mieux nous aider dans notre action au quotidien.
Bien cordialement ».

Voici le mail de Mme Legendre, collaboratrice de Jean-Hugues Ratenon à Mme Puvilland de Pôle emploi :

« Votre mail en date du 04 août dernier m’a désagréablement surpris, fortement étonnée, interpellée et scandalisée.
Je considère que votre supérieure, la directrice régionale de pôle emploi, est solidaire de vos propos puisqu’elle est en copie.
Je ne vais pas utiliser le même ton que vous dans ce mail, à savoir l’insulte et le dénigrement, pour vous répondre mais je veux, ici, être ferme.
Déjà, de quel droit vous vous permettez de m’apostropher de la sorte ? Je vous rappelle que nous sommes toutes les deux sur le même pied d’égalité, à savoir des employés. Rien ne vous autorise à vous croire supérieure. Avez-vous eu mandat de la directrice régionale ?
Ensuite, votre volonté insolente de vouloir me rappeler des « principes fondamentaux de pôle emploi et qui repose sur la volonté de préserver une égalité de traitement » est très déplacée et relève d’une insulte vis-à- vis du député Jean Hugues RATENON, de son action politique qui, selon vous, s’apparenterait à des passe- droits » !!! C’est scandaleux et irrespectueux.

Vous affirmez ensuite que nos interpellations, à la demande du député, « mettent en difficulté le travail des conseilleurs ». Mais madame vous n’avez rien compris à la politique, à la mission et à la relation entre citoyens et ses élus. Car c’est un moment privilégié de rencontre où l’interlocuteur se confie, se sent écouté, compris, dans une démarche humaine.
Vous vous comportez ensuite en tant que juge ! Vous faites des faux procès aux demandeurs d’emploi. Comme le Président de la République et le gouvernement en place. Je ne savais pas que vous étiez une auxiliaire du pouvoir.
Je ne vous dis pas que tous les demandeurs d’emploi n’ont tous rien à se reprocher et si tel est le cas, il aurait été préférable que vous nous fassiez remonter ces informations (absence à convocations) comme vous l’avez déjà fait par le passé, pour que le député, mes collègues et moi-même puissions, nous aussi, à notre niveau contrer les accusations infondées portées contre les équipes de pôle emploi pour qui nous avons un très grand respect.
Quand vous estimez, par ailleurs, que ces échanges entre les demandeurs d’emploi et le député « présentent aucune plus-value », vous dévalorisez la fonction de l’élu et encore plus celle d’un député. Les élus sont des relais, des facilitateurs entre les administrations du service public et l’administré. Et ils ont un pouvoir de contrôle sur cela. Qui dit service public dit argent public.