Les élus se penchent au chevet du CHU, malade malgré lui

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Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de la Réunion connaît une forte dégradation budgétaire avec un déficit qui avoisine les 50 millions d’euros imputable à hauteur de 35 millions d’euros à des facteurs extérieurs (dettes sociales). Plusieurs parlementaires parmi lesquels Jean-Hugues Ratenon ainsi que d’autres élus (rencontre récemment entre la présidente de Région et le ministre de la Santé) ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur cette situation.

Autre parlementaire qui s’est mobilisé sur ce dossier : le député Philippe Naillet, membre du Conseil de surveillance du CHU. Il est intervenu à plusieurs reprises pour informer le gouvernement de la situation du CHU. Son dernier courrier en date du 17 octobre a été adressé à Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé et de la Prévention.

N’ayant pas eu de réponse, il est allé à la rencontre de l’intersyndicale avec sa collègue Sénatrice Audrey Bélim, le jeudi 2 novembre dernier. Tous se sont accordés sur un courrier pour demander une audience auprès du Ministre de la Santé. Vendredi dernier 3 novembre, avec l’intersyndicale, les parlementaires socialistes sont allés remettre une copie du courrier au préfet de La Réunion Jérôme Filippini. Voici ci-dessous le contenu de ce courrier :

« Monsieur le Ministre,
La situation du CHU de La Réunion attire à nouveau notre attention. Face à la gravité de la situation, une rencontre a été organisée sur le parvis du CHU nord ce jour.
L’intersyndicale composée des représentants des organisations syndicales Expédit LOCK-FAT (CFDT), Alain PUELLE (CFTC), Frédéric BACHE (CGTR), David BELDA (Force Ouvrière) et Françoise ANOUMBY-AVABY (UNSA), accompagnés des parlementaires Audrey BÉLIM, Sénatrice de La Réunion et Philippe NAILLET, député de la 1ère circonscription, requérons une audience auprès de votre ministère afin de sortir d’une crise sanitaire sans précédent au sein des hôpitaux de La Réunion.
Cette situation porte atteinte à la continuité des soins et à la qualité de service, impactant de facto la santé des Réunionnaises et des Réunionnais ainsi que de l’ensemble des Français et étrangers de la zone océan Indien pour lesquels le CHU est l’hôpital de référence.
Nous rappelons que notre Centre Hospitalier Universitaire est le seul hôpital public universitaire de tout l’océan Indien. Contrairement à nos compatriotes de l’Hexagone, nous n’avons pas la possibilité de compter sur des transferts interrégionaux vers les hôpitaux spécialisés en cas de nécessité. Par ailleurs, les conditions de transfert aérien augmentent les risques de mortalités supplémentaires qui s’additionnent aux 20% déjà existants lorsque les services souffrent de situations de sous-effectif.
Monsieur le Ministre, les risques pour le CHU de La Réunion sont hélas connus
depuis un certain temps. Aujourd’hui, nous sommes à un point de rupture. Ce jeudi 2 novembre 2023 a été déposé par l’intersyndicale un préavis de grève illimitée auprès de la
Préfecture de La Réunion.
Nous souhaitons vous rencontrer urgemment, Monsieur le Ministre, afin d’obtenir des solutions rapides notamment sur le maintien de la continuité des soins digne de notre pays. Nous demandons à ce que l’on se réfère stricto sensu au diagnostic partagé de la
situation financière des hôpitaux de La Réunion avec l’ARS.

Cette enveloppe exceptionnelle répondrait aux engagements républicains et favoriserait le maintien des soins qui est aujourd’hui en péril. Nous sommes disponibles pour vous rencontrer dans les prochains jours. Nous regrettons que les échanges avec l’ARS depuis fin août 2023 restent sans réponses. Par ailleurs, les tensions sont exacerbées depuis la découverte de l’exclusion de notre hôpital de l’enveloppe d’1 milliard d’euros destinée aux
hôpitaux de France et dont le financement s’étalait jusqu’en 2029.
Monsieur Le Ministre, l’ARS a déclaré qu’elle n’était pas seulement le relais de l’hôpital public auprès de votre Ministère. En ce sens, nous, intersyndicale et élus, vous demandons une audience afin d’agir avec célérité.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, notre considération la plus haute ».

Une motion du groupe majoritaire de la Région

Vendredi dernier, au cours de la matinée durant la session plénière de la Région, une motion a été également présentée par le groupe des élus majoritaires concernant le même dossier. Ces élus attirent l’attention du ministre de la Santé sur la situation financière du CHU et des facteurs à l’origine du déficit « qui ne relèvent ni de l’action, ni de la responsabilité du CHU », écrivent-ils. Ces derniers demandent la compensation des dépenses imputables à des facteurs extérieurs à la gestion du CHU soit 35 millions d’euros ainsi que « l’évolution de l’ONDAM hospitalier pour palier au sous financement chronique de l’hôpital public ».

Enfin, ces élus demandent le soutien du ministère en lien avec l’ARS de la Réunion « pour continuer à développer une offre de soins de qualité pour la population réunionnaise, pour conforter la position du CHU de la Réunion en qualité d’établissement de recours et de CHU de la France dans l’océan Indien et pour permettre la mise en œuvre de ses investissements et la soutenabilité de ses projets ». Une motion qui avait été lue par la conseillère régionale Laëtitia Lebreton.

Il est à noter que le CHU de la Réunion, avec les autres établissements hospitaliers de l’ile, est confronté aux conséquences de l’absence de revalorisation du coefficient géographique (bloqué à 31% et évalué à minima à 35%) pour compenser notre éloignement et notre insularité. Le CHUR fait par ailleurs partie des établissements qui n’ont pas bénéficié des compensations financières prévues au titre du Ségur et du Covid, soit presque 12 millions d’euros en 2022.

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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