Véran et le Covid : « alé fé pique zot tout’ une fois, deux fois, trois fois »… met’ encore, l’a pas assez !

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« Usurpateur », « bouffon », « mafieux », « pervers », « connard », « merde »… Non, je ne parle pas des membres du gouvernement, pas non plus du ministre de la Santé Olivier Véran. Je ne me permettrai pas.  Ça, ce sont les « petites douceurs » que ce sont échangées, en cette saison des letchis, Ibrahim Patel et Bruno Cohen, mercredi dernier, lors de l’assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie de la Réunion. De gentils petits « mots doux » entre adultes consentants. J’y reviendrai dans un instant.

Parlons Covid vite fait. Vite fait parce qu’il n’y a rien à dire si ce n’est l’évidence, à savoir que la pandémie est toujours là, contrairement à ce que nous avaient raconté, il n’y a pas si longtemps, les pouvoirs publics. Non seulement elle est là, mais elle continue à tuer et à bousculer notre vie. Le ministre de la Santé a dit hier soir : « ni confinement, ni couvre-feu ». Sauf que, dans la nuit, quelques heures après son discours, le préfet de la Martinique a instauré un couvre-feu « jusqu’au retour au calme ». Ces ministres là ne sont plus à une contradiction près depuis le début de la crise sanitaire. Les mêmes qui nous imposent le port du masque aujourd’hui trouvaient « le masque inutile » jadis.

Covid-19 : « ni confinement, ni couvre-feu »… avant la présidentielle et les législatives de 2022 !

Ce que je retiens des déclarations du ministre de la Santé, c’est (en créole ça sonne mieux) « allez fait pique à zot une fois, deux fois, trois fois ». Et fermez la !. Ou bien encore : « ni confinement, ni couvre-feu »… avant la présidentielle et les législatives de 2022 ! De façon générale, à l’exception des Antilles où ça « pète » sérieux, il ne faudrait plus s’attendre à un couvre-feu ni à un confinement, même si le taux d’incidence va continuer à exploser, pour la simple raison que notre pays est en pré-campagne électorale en vue de la présidentielle et des législatives d’avril et de juin prochains. Pas besoin de vous faire un dessin ! Les ministres ont besoin d’aller bat’ caré. Oups ! Pardon. Je voulais dire « besoin d’aller en voyage officiel » pour vendre la politique gouvernementale et le programme du « président-bientôt candidat » Emmanuel Macron. Ce qui revient à dire, hormis le vaccin, le gouvernement n’a rien d’autre à proposer aujourd’hui. Tout sera fait pour nous mettre dans la seringue vers la destination « vaccination ». Vous l’avez bien vu : le délai pour un test PCR financièrement à notre charge est passé de 72 heures à 48 heures et, maintenant, à 24 heures.

A la Réunion, toujours à propos du Covid, les députés Ratenon et Naillet se battent pour s’approprier la décision gouvernementale de l’obligation du test PCR au départ de la métropole. Pour faire simple, Ratenon dit que c’est lui qui a fait cette proposition au gouvernement depuis début novembre mais que Lecornu l’avait envoyé balader avant d’en faire son afaire. Naillet soutient que c’est lui qui a eu cette idée. On dirait des marmailles : « c’est pas moi, c’est lui » quand c’est pas bon. Ou « c’est moi, c’est pas lui » quand c’est bon.

En cette fin d’année hyper « covidée, les bèsements pètent de partout y compris dans la tête de nos élus. Aux Antilles c’est dans la rue que cela se passe. Le gouvernement a envoyé, non pas son ministre des Outre-mers, mais le GIGN et le RAID pour essayer d’en venir à bout de la colère des Guadeloupéens et des Martiniquais, pendant que Sébastien Lecornu, par visio-conférence, tente de dialoguer avec les élus Antillais. A chacun sa méthode. J’ai connu des ministres – Annick Girardin pour ne pas la citer – qui, en pleine crise des gilets jaunes, n’avait pas hésité, dans sa petite robe à fleurs, à aller au charbon, en descendant dans la fosse aux lions afin de causer en live avec les manifestants. Chacun sa méthode !

Il y a celles et ceux qui se retroussent les manches sur le terrain et celles et ceux qui restent « cachiette » dan’ bureau climatisé à Paris, en donnant les ordres. Je vous l’avais déjà annoncé en début de semaine, le ministre des Outre-mers, a dû annuler son déplacement à la Réunion afin de gérer, depuis Paris, la crise sociale et sanitaire antillaise. En clair, ne comptons pas trop sur le bâton « grand papa » Macron ou Castex pour traverser cette crise sanitaire, comptons sur nous mêmes en respectant les gestes barrières et en étant très vigilants.

Je vous le disais, ce n’est pas Lecornu qui viendra à la Réunion, c’est Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie qui fait le déplacement. Il vient surtout pour le Conseil des ministres des Affaires étrangères des îles de l’océan Indien qui se tient aujourd’hui, vendredi, au Domaine du MOCA dans les hauts de Saint-Denis, avant de s’envoler pour Mayotte, dimanche, où se déroulera, lundi, la Conférence de coopération régionale. Vous l’aurez remarqué, nous avons droit depuis quelques temps à une belle brochette de ministres en balade dans l’île. Des émissaires envoyés par le Président Macron pour prendre la température à un peu plus de quatre mois de la présidentielle. Pas plus tard qu’en début de semaine, c’est Ambroise Méjean, 26 ans, responsable Outre-mer des Jeunes Avec Macron (JAM) qui était passé par la Réunion avant de partir pour Mayotte. Frédérique Vidal (Enseignement supérieur) a, quant à elle, repris l’avion du retour lundi soir. Le staff Macroniste réactive les réseaux. Les maires s’affichent : Bachil Valy, Michel Vergoz et Serge Hoareau.

Marine Le Pen ira cuisiner chez Coindin

On assiste même à une espèce de surrenchère de communiqués flatteurs. D’abord Michel Vergoz, le président de SYDNE, qui se félicite « de la décision du gouvernement de ne pas augmenter le niveau de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) appliquée sur les déchets, ni en 2022, ni en 2023, soit pendant les deux prochaines années, alors que cette taxe devait grever, toujours plus, le budget des Collectivités pour lutter contre l’enfouissement. Cette décision prise au travers de l’amendement n°20 du projet de Loi de Finances Rectificative n° 4702 examinée à l’Assemblée Nationale en séance plénière, hier le 23 novembre 2021, est une bouffée d’oxygène pour la Réunion. Elle se révèle en plus, être un signal fort d’une volonté d’avancer en partenariat ». Arrive dans la foulée, Bachil Valy avec, lui aussi, son communiqué dans lequel il explique « qu’à sa demande auprès du Président de la République » (carrément !) « le gouvernement a répondu favorablement à une diminution de l’augmentation de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) ». Pour ne pas faire trop accapareur, le maire de l’Entre-Deux, référent de LREM à la Réunion, précise quand même que cette décision a été prise « suite à l’amendement co-signé par Viviane Malet et Nassimah Dindar approuvé au Sénat ». Quand même ! Et le représentant d’En Marche d’ajouter : « c’est une grande satisfaction d’avoir été écouté et entendu par le Président de la République sur ces enjeux en matière de transition écologique, de pouvoir d’achat et de création d’emplois durables ». Si vous ne comprenez pas que Macron y est pour quelque chose, vous n’aurez rien compris et ce ne sera pas la faute à Valy. Avant de poursuivre dans le registre, je voudrais signaler à Michel Vergoz, patron de SYDNE, qu’une manifestation devrait avoir lieu aujourd’hui devant le siège de SYDNE. Les collectifs contre le projet de réalisation du centre d’enfouissement de Franche-Terre se donneront en effet rendez-vous devant les locaux de SYDNE où aura lieu une réunion du comité consultatif. C’était pour info !

Je reviens sur nos maires et la Macronie. Outre Michel Vergoz, Bachil Valy et Serge Hoareau, on me laisse entendre que d’autres premiers magistrats de l’île seraient déjà en contact avec le staff présidentiel et celui de LREM : Maurice Gironcel, via son adjointe Ramata Touré ; Richard Nirlo à Sainte-Marie qui accueillera samedi le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne pour le projet d’aménagement du littoral. Richard Nirlo avait déjà reçu chaleureusement le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, dans sa commune. Jeannick Atchapa à Bras-Panon ? Patrice Selly à Saint-Benoit n’a rien contre Emmanuel Macron. Certes, localement, il s’en prend un peu à la politique gouvernementale mais l’Etat l’aide pas mal dans sa commune et le préfet lui prête toujours une oreille attentive. Ce qui est sûr, c’est que Selly, bien qu’homme de gauche même si son parti Banian ne l’est pas, ne soutiendra pas Mélenchon, le candidat de Ratenon. Selly, comme je vous l’ai déjà annoncé plus d’une fois, présentera même un candidat contre le député sortant de la 5ème circonscription. Je vous laissais entendre vendredi dernier que ce pourrait être le 1er adjoint Ridwane Issa. Wait and see !

A la Plaine-des-Palmistes, il est dit que le maire Johnny Payet pourrait se positionner en faveur de Marine Le Pen, qui avait « exploser » le compteur dans cette petite commune des hauts de l’Est lors de la présidentielle de 2017. Marine Le Pen qui sera à la Réunion aux alentours du 20 décembre et qui, selon mes informations, ira cuisiner sur « Kanal Austral », la télé de mon camarade Coindin. Lequel Coindin aurait obtenu une interview, à Paris, de Zemmour. La cuisine et la politique, ça bon ménage, surtout pour celles et ceux qui manient l’art de « roule cari sous d’riz ».

Quant Patel « counisse » publiquement Cohen !

Revenons aux « petites douceurs » élégamment échangées entre Ibrahim Patel et Bruno Cohen, mercredi dernier, lors de la séance d’installation du nouveau bureau de la Chambre de commerce et d’industrie de la Réunion (CCIR) qui survient après le scrutin du 27 octobre au 9 novembre. Un scrutin par voie électronique. Les résultats sont connus : 10 831 votants ; 72% des suffrages soit plus de 7000 voix pour l’équipe à Patel et le reste pour la liste d’Arnachellum/Vimbaye/Cohen. Patel a obtenu 15 sièges sur 15  dans le collège « Commerce « , 16 sièges sur 16 dans le collège « Services » et 1 siège sur 8 dans le collège « Industrie ». Les 7 autres sièges ont profité à Bruno Cohen. Au moment du « panachage », Bruno Cohen a fait voter pour des élus qui n’étaient pas forcément sur sa liste car il avait quelques petits comptes à régler avec ses colistiers Arnachellum et Vimbaye. Du coup, sans doute après une rencontre avec Myriam Boullay, Cohen a fait élire, dans ce collège, des élus qui ne faisaient pas partie de son équipe, d’où la montée en puissance des Caroupaye, Alamèle…

Bruno Cohen (veste noire). Crédit Photos : Yves Mont-Rouge

Quelques jours avant la tenue de l’AG de la CCIR, Cohen a commencé à balancer des mails corsés à ses adversaires, avec dans son collimateur, principalement, Ibrahim Patel qu’il a traité de « pervers », de « mafieux », « d’usurpateur », de « bouffon »… (J’ai les mails ; C’est Cohen lui même qui me les a envoyés à moi et à tous mes collègues journalistes). Le jour de l’AG, il s’est pointé à la CCIR et, dès le début de la séance présidée par Pascal Gauci, représentant du préfet, il a manifestement commencé à chercher la petite bête pour « ziguiler » (comme on dit en créole) Patel. Dans un premier temps, ce dernier a tout fait pour se retenir, pour ne pas tomber dans le piège tendu par son adversaire. Il avait bien compris que Cohen était venu pour faire le show et lui mettre les bâtons dans les roues… Mais à la fin de la séance, alors qu’il venait d’être largement élu par 37 voix sur 40, donc bien au-delà de sa majorité de 32, lorsque Cohen l’a, pour la énième fois, provoqué, Patel s’est lâché, laissant ainsi s’échapper toute la pression précédemment engrangée et les insultes essuyées via les mails. «Espèce de connard, retourne à Maurice espèce de merde… ». Guyto Narayanin s’est levé de son siège, s’est précipité vers Patel pour le calmer ; Idem pour Pascal Gauci, représentant du préfet, mais c’était trop tard. Patel avait déjà appuyé sur la gâchette de la mitraillette qu’avait chargée pour lui Cohen. Fin houleuse de la séance. Visiblement, Patel s’est senti soulagé d’avoir « counissé » publiquement le « fauteur de troubles ». De son côté, Cohen, riant un peu jaune, s’est levé, s’est dirigé vers le bar de la CCIR, a pris un café avant de disparaître. Reviendra-t-il à la prochaine séance pour « animer » la réunion et « titiller » Patel ? Paraît-il, à chacun de ses déplacements entre Maurice où il s’est installé, et la Réunion, il lui faut à chaque fois une autorisation pour voyager, en raison de ses affaires judiciaires toujours en cours dont une d’agression sexuelle.

3ème mandat pour le président Ibrahim Patel.

En dépit de toute cette « animation », Ibrahim Patel a été élu pour la 3ème fois, il devrait présider la chambre consulaire jusqu’en novembre 2026. J’emploie le conditionnel car selon Myriam Boullay et Bruno Cohen, Patel serait inéligible. Quant à Patel, il va déposer plainte contre Cohen pour diffamation. A suivre !

Pour finir, je vous emmène dans les hauts de l’île, dans la charmante petite commune des Avirons où le maire Eric Ferrère et son équipe mènent de belles actions, comme celle pour lutter contre les méfaits du tabac, sous la houlette de l’adjoint Jean-Daniel Dennemont. Mais tout n’est pas rose (ou verdoyant) pour autant dans cette petite localité où la politique politicienne reste d’actualité si l’on en croit les posts Facebook d’une adversaire politique du maire dont le mari est dialysé à domicile. Pour cela, il lui faut des dizaines de kilos de matériels sanitaires que doit acheminer un véhicule jusqu’à sa case se trouvant tout au bout d’un chemin de terre quasi inaccessible. La mairie lui a promis de rendre le sentier carrossable. Tout compte fait, hormis un peu de graviers qui a été déversé, rien n’a été fait. Le matériel sanitaire, très lourd, est ainsi transporté manuellement jusqu’à la maison de la personne malade. D’où la vidéo qui a été réalisée par un Avironnais pour dénoncer cette situation :

Aux Avirons toujours, ça bouge au sein de l’équipe municipal. Le conseiller municipal de la majorité, Régis Bourdil, a décidé de démissionner. Une démission qui sera officialisée ce soir à l’occasion du conseil municipal.

Enfin, deux petites nouvelles de la Région pour finir. On me dit que l’un des anciens chauffeurs de l’ex président (pas celui qui est devenu restaurateur-hôtelier en métropole) aurait des soucis avec la justice. On me signale aussi que l’épouse de l’ex président, en arrêt depuis juin dernier, reprendra son boulot début décembre ; Elle a été affectée à la direction du Patrimoine. Je lui souhaite un prompt rétablissement. Je profiterai par ailleurs de la semaine prochaine pour aller investiguer sur la supposée affaire concernant l’ancien chauffeur.

Y.M.

([email protected])

 

 

 

 

Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

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