Soutien financier exceptionnel de 40 M€ au CHU de La Réunion : qu’en est-il aujourd’hui ?

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Le directeur général de l’ARS La Réunion « se félicite de l’écoute et du travail mené avec la Ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités et le ministre chargé de la santé et de la prévention sur la situation financière du CHU de La Réunion », précise Gérard Cotelon, dans un communiqué. Hasard de calendrier ? Bizarre ! Trois jours après la conférence de presse commune entre élus de tous bords politiques et syndicats, est arrivée cette décision du gouvernement. Il faut dire que mardi dernier, Huguette Bello, Ericka Bareigts et les autres élus présents n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère en traitant notamment le directeur de l’ARS Réunion de « Procureur », tout en fustigeant son adjoint M. Billaud. (cf l’article d’Yves Mont-Rouge)

En tout cas, comme si de rien n’était, faisant fi de la conférence de presse de mardi dernier, l’ARS explique dans le communiqué ci-dessous que « ce travail qui a démarré dès le mois de septembre 2023 et qui s’est accéléré depuis la nomination de Catherine Vautrin au ministère du Travail, de la Santé, et des Solidarités et de Frédéric Valletoux au ministère délégué chargé de la santé et de la prévention a été arbitré favorablement par l’attribution au CHU de La Réunion d’une aide exceptionnelle en trésorerie de 31,2 millions d’euros pour l’accompagner face aux difficultés importantes qu’il rencontre. Cette allocation représente de la part du Gouvernement un effort très exceptionnel dans un contexte financier particulièrement contraint qui conduit l’ensemble des ministères à réduire les dépenses publiques dans un souci d’efficience. Cette aide s’ajoute aux crédits dont bénéficiera le CHU de La Réunion au titre de la restitution de la sous-exécution et des crédits d’aide exceptionnelle et représente un total de 40 millions d’euros d’aides. Le récapitulatif des montants attribués au CHU par enveloppe : Il s’agit d’un niveau d’aide massif pour le CHU et d’un effort considérable du Gouvernement, qui pèse sur la fin de gestion 2023. Le travail d’analyse des origines du déficit structurel du CHU se poursuivra dans les semaines à venir par une mission flash de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) qui viendra en appui de l’ARS et de la gouvernance du CHU pour proposer des réponses aux spécificités du CHU de La Réunion. L’ARS La Réunion continuera, en lien avec tous les acteurs de santé du territoire et en parfaite cohérence avec les instructions de la ministre du travail, de la Santé et des Solidarités et du ministre chargé de la santé et de la prévention, ses efforts pour améliorer l’efficience du système de santé dans un souci de responsabilité avec l’objectif de toujours mieux répondre aux besoins de santé des Réunionnais ».

La situation du CHU au 1er mars

Le CHU de la Réunion cristallise, depuis plusieurs mois, beaucoup d’attention sur des problèmes budgétaires et financiers autour d’un déficit avéré de 50 millions d’euros et d’une dette sociale de plus de 30 millions d’euros, non maîtrisée.
Devant la situation préoccupante du CHU, fleuron du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), le Mouvement Politique Trait-d’Union (MPTU) :
Se FÉLICITE du déblocage par le Gouvernement, en urgence, d’une aide exceptionnelle à la trésorerie du CHU, de 40 millions d’euros,
DEMANDE que soit arrêtée rapidement la progressivité , ou pas, du règlement du montant du coefficient géographique pour 2024, afin d’assurer de la visibilité dans la réalisation des prévisions budgétaires à venir,
APPELLE enfin, à ce que la mission de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), prévue, soit diligentée, sans délais, afin de couper court à toutes les rumeurs et autres polémiques mais aussi, faire la lumière sur l’impact des 1.000 embauches du CHU sur son déficit budgétaire et sur la capacité de la structure à assumer une dette sociale non maîtrisée.
Le MPTU appelle la nécessité pour le CHU d’assurer une GOUVERNANCE RESPONSABLE, RESPECTUEUSE et TRANSPARENTE afin de garantir à cette précieuse structure, sa juste place dans un PROJET PARTAGÉ avec tous les membres du GHT que sont le CHU, le CHOR, le GHER, L’EPSMR et le PSY-SUD.

Huguette Bello : « la mobilisation réunionnaise a payé »

Pour la présidente de la Région et présidente du Conseil de surveillance du CHU, « c’est la mobilisation réunionnaise qui a payé ». Elle poursuit : « Trois jours après la conférence de presse exceptionnelle qui a réuni non seulement l’ensemble des représentants du personnel, des patients, du Conseil de surveillance mais aussi les parlementaires et des élus des collectivités autour de la situation du CHU, le Ministère de la Santé vient d’apporter une première réponse. Prenant conscience du déficit du CHU et des risques qu’il représente pour la qualité et la sécurité de l’offre de soins à la Réunion, l’État vient de débloquer une aide exceptionnelle de 40 millions pour permettre au CHU de faire face au déficit 2023. Nous saluons l’octroi de cette enveloppe qui permet d’éloigner les menaces immédiates. Il va de soi que pour continuer à garantir une couverture sanitaire de qualité dans la durée, cette réponse d’urgence appelle à présent des mesures structurelles prenant en compte les surcoûts dus à l’insularité mais également les surcoûts liés aux évacuations sanitaires de Mayotte, aux missions de recours déficitaires du CHU comme les greffes de moelle osseuse ou les cancers pédiatriques mais aussi les gardes et astreintes dans toutes les spécialités médicales ou encore la recherche. Nous notons la venue d’une mission flash chargée de confirmer le caractère structurel du déficit et d’en analyser les causes. En tant que Présidente du Conseil de surveillance du CHU, je serai vigilante à ce que ce qui est présenté comme une mission d’appui ne soit pas dénaturé. Nous souhaitons que ce travail puisse se faire dans les meilleurs délais et dans des conditions d’impartialité et d’objectivité. Il apparaît cependant que la revalorisation du coefficient géographique est une mesure dont l’application ne peut pas être différée dans l’attente des résultats de cette nouvelle mission. Parfaitement documentée et analysée depuis 2019. Cette augmentation de trois points doit pouvoir intervenir immédiatement et sans délai, conformément à l’engagement du Président de la République ».

Audrey Belim, sénatrice : « Soutenons notre hôpital public ! »

L’Agence régionale de santé de La Réunion vient d’annoncer un complément d’aide exceptionnelle au Centre hospitalier universitaire (CHU) de La Réunion de 31,2 millions d’euros s’ajoutant aux 8,8 millions déjà actés. Je salue cette annonce qui montre enfin une considération pour le CHU de La Réunion. Elle intervient après des semaines de craintes pour l’accès aux soins des Réunionnaises et des Réunionnais et de mobilisations de la part des personnels. Cependant, au-delà de cette annonce, nous n’avons pas de réponse sur la volonté du Gouvernement d’étaler la revalorisation du coefficient géographique en trois ou quatre temps : cet étalement dans le temps n’est pas admissible. Rappelons enfin que la hausse du coefficient géographique prévue reste en-deçà des préconisations de la Fédération hospitalière de France – Océan Indien : l’équilibre financier du CHU de La Réunion reste donc malheureusement précaire. Je resterai vigilante et mobilisée quant au soutien de l’État à l’établissement de référence de l’océan Indien.

Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis et membre du conseil de surveillance du CHU

« Nous saluons la décision du gouvernement de débloquer une aide exceptionnelle de 40 millions € pour permettre au CHU de faire face à des paiements devant être faits très rapidement. C’était une première mesure indispensable que nous avions réclamée Mardi pour éviter une crise financière immédiate pour les hôpitaux réunionnais. Notre mobilisation a porté ses fruits et nous avons été entendus. Nous déplorons cependant la précarité dans laquelle est tenu notre CHU depuis des années car son mode de financement par l’Etat n’est pas à la hauteur de son rôle dans les enjeux de santé publique à La Réunion et dans l’océan Indien. Maire de Saint-Denis, élus locaux et responsables politiques, nous devons rester attentifs depuis des années et intervenir trop régulièrement de façon urgente pour tirer la sonnette d’alarme et éviter un naufrage de nos hôpitaux. Est-ce notre rôle d’être en permanence en alerte et de craindre pour la bonne prise en charge de la santé de nos concitoyens ? Déjà l’année dernière nous avions du accompagner les manifestations des professionnels de santé pour obtenir l’augmentation du coefficient géographique qui détermine le financement de base de l’Etat. Notre santé à tous ne peut pas constituer un objet de « négociation budgétaire permanente » ! Nous sommes à nouveau en alerte quand est annoncée une économie de 10 Milliards € décidée par le gouvernement sans débat ou concertation. Il nous faut donc un financement pérenne. Si la nouvelle mission des inspecteurs de la Santé a un intérêt, ce serait celui de créer ce mode de financement adapté aux enjeux de la santé sur notre territoire. Nous resterons donc vigilants et mobilisés pour nous assurer que notre système de santé ait les moyens de notre ambition pour les Dionysiens et plus largement les Réunionnais. »

Réaction de Stéphane FOUASSIN à l’aide exceptionnelle accordée par l’État

Stéphane Fouassin, sénateur de La Réunion, se dit satisfait de l’aides accordé par l’État à hauteur de 40 millions d’euros pour le CHU de La Réunion. Soit :

  • 31,2 millions d’euros d’aides en trésorerie ;
  • 3,2 millions d’euros d’aides exceptionnelles ;
  • 5,6 millions d’euros de restitutions de la sous-exécution.

« Cette aide, accordée par l’état, est massive ! Elle permettra de soutenir l’activité du CHU de la Réunion, qui est l’acteur de premier plan de la santé des Réunionnais. Je remercie et félicite Mme la Ministre de la Santé, Catherine Vautrin pour son écoute et sa réactivité, d’avoir trouvé une solution rapide pour venir en aide au système de santé Réunionnais. Aussi, le versement en une seule fois des trois points du coefficient géographique, soit 20 millions d’euros a été acté, et je m’en félicite, car c’était une demande que nous avions portée auprès de Mme la ministre.»

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